Le retour des ateliers : Les élèves de l'école Rebuffel réfléchissent désormais sur le thème du motif et du drapé. L'objectif pédagogique des ateliers est d'abord d'éduquer le regard à reconnaitre une oeuvre en trompe-l'oeil, et de comprendre un processus artistique.
Cynthia et Jean Philippe sont venus à la rencontre des enfants. Et voici ce qu'ils nous ont dévoilé de l'exposition:
Qu'est ce qu'un artiste d'aujourd'hui?
Nous avons demandé aux enfants s'ils pouvaient donner une définition de ce qu'est un artiste. Spontanément la première réponse a été de dire "quelqu'un qui sait bien peindre". Or un artiste n'est pas seulement cela. Tout d'abord, il peut faire de la photographie, de la vidéo, de la sculpture, etc. Il existe une infinité de médiums. De plus, l'artiste n'est pas seulement un artisan c'est-à-dire celui qui possède un savoir faire. C'est plutôt la mise en oeuvre d'une idée qui le distingue et fait de lui un véritable artiste.
Le travail de Lemesle & Roubaud s'inspire de choses existantes de la nature et de l'histoire de l'art. Au XXIème siècle, les artistes utilisent aussi tous les moyens modernes à leur portée pour faciliter leur expression. Par exemple, Lemesle & Roubaud disent qu'ils "trichent" dans leur pratique du dessin en ayant recours aux modèles mathématiques des ordinateurs pour créer des motifs. Ils font également appel à un carrossier pour appliquer la laque automobile sur leurs tableaux. Néanmoins ce sont bien eux qui ont imaginé le processus de réalisation de ces tableaux et qui ont mené la réflexion permettant la création de ces oeuvres.
Ils citent Picasso répondant à la question suivante : "combien de temps faut-il pour faire une peinture? Picasso répond : "une heure et 45 ans". Grâce à cette citation, Jean-Philippe Roubaud et Cynthia Lemesle veulent nous faire comprendre que leurs oeuvres se nourrissent de toutes leurs expériences passées et qu'avec le temps leur technique est de plus en plus maîtrisée.
Quelles sont les principales références de l'histoire de l'art que citent Cynthia et Jean-Philippe dans leur exposition?
Ces artistes ancrent leur démarche dans l'histoire de l'art. Cela signifie qu'ils prennent en compte l'ensemble de ce qui a déjà été fait avant eux.
1- Choix du sujet / Représentation
Pour ce qui concerne le choix du sujet de cette exposition, le tissu, ils sont repartis d'une idée très répandue dans l'histoire de la peinture. Nombreux sont ceux qui ont pensé, et pensent encore, que les meilleurs peintres sont ceux qui sont capables de peindre des drapés, exercice réputé des plus difficiles en peinture.
Cette croyance s'appuie sur l'histoire, en partie véridique, du combat opposant les deux peintres de l'Antiquité grecque Zeuxis et Parrhasius. Le premier peint des raisins avec tant de vérité, que des oiseaux viennent les picorer. Cependant Parrhasius fait un rideau si naturellement représenté, que Zeuxis, tout fier de la sentence des oiseaux, demande qu'on tire enfin ce rideau pour voir le tableau. Reconnaissant son illusion lorsqu'il comprend que le rideau est une peinture, il s'avoue vaincu, étant donné que lui n'avait trompé que des oiseaux, et que Parrhasius avait trompé l'homme qu'il était.
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II- Titre des oeuvres / Contenu
La seconde référence citée par ces artistes est celle de sainte Véronique. En effet, les tableaux exposés ici s'appellent tous "Pour Véronique I, Pour Véronique II, etc.". Elle est connue pour avoir essuyé le front du Christ avec un tissu blanc lors de la Passion. Le visage de ce dernier est resté imprimé sur ce même tissu. Cette anecdote est souvent citée comme étant la première représentation humaine donc le premier portrait en peinture.
Sainte Véronique est le plus souvent représentée debout, tenant et montrant le tissu avec le visage du Christ. Le fait de représenter une image de cette sainte tenant elle-même une image du christ s'appelle une "mise en abyme". Une mise en abyme est un procédé d'inclusion d'un motif, d'une scène à l'intérieur d'un motif ou d'une scène, comme le tableau dans le tableau, le récit dans le récit, le théâtre dans le théâtre, etc. Ce principe est souvent décrit de façon imagée comme un effet de miroir.
Pour les enfants, on peut expliquer cette idée par le biais de la vache qui rit qui est représentée avec des boucles d'oreille dans lesquelles on voit une vache qui rit avec des boucles d'oreille et ainsi de suite.
Dans les représentations de sainte Véronique, la forme du tissu qu'elle tient est souvent faite de plis. Lemesle et Roubaud ont choisi de ne garder que le tissu tenu par Véronique en accentuant leur travail sur les plis.
IIII- Autres matériaux de l'exposition
Lemesle et Roubaud utilisent un autre matériau provenant de la nature, les mues de chevreuil. Les artistes rappellent que, dès la préhistoire, ces bois servaient à tailler les silex. Ils insèrent aussi dans leurs oeuvres des animaux empaillés. Ces pratiques renvoient à des habitudes plus anciennes. En effet, les bois et les têtes des cerfs ont fait, et font encore, partie de la décoration des maisons telle une oeuvre d'art. Signalons aussi que les animaux empaillés ont fait partie intégrante de l'arsenal des cabinets de curiosité. Ces cabinets étaient des lieux où, aux XVI et XVIIème siècles, l'on collectionnait et présentait des objets rares ou étranges.
Les bois des chevreuils ont une signification différente dans d'autres cultures. Ils symbolisent les "doigts de la pensée". Ainsi, les cornes seraient la continuité de notre pensée. Pour faire une oeuvre, l'outil de départ de l'artiste est la main. En incorporant des bois de chevreuils dans l'exposition, Lemesle et Roubaud font un clin d'oeil au processus intellectuel qui mène à la réalisation.
Passionnant, n'est ce pas?
Cynthia et Jean Philippe sont venus à la rencontre des enfants. Et voici ce qu'ils nous ont dévoilé de l'exposition:
Qu'est ce qu'un artiste d'aujourd'hui?
Nous avons demandé aux enfants s'ils pouvaient donner une définition de ce qu'est un artiste. Spontanément la première réponse a été de dire "quelqu'un qui sait bien peindre". Or un artiste n'est pas seulement cela. Tout d'abord, il peut faire de la photographie, de la vidéo, de la sculpture, etc. Il existe une infinité de médiums. De plus, l'artiste n'est pas seulement un artisan c'est-à-dire celui qui possède un savoir faire. C'est plutôt la mise en oeuvre d'une idée qui le distingue et fait de lui un véritable artiste.
Le travail de Lemesle & Roubaud s'inspire de choses existantes de la nature et de l'histoire de l'art. Au XXIème siècle, les artistes utilisent aussi tous les moyens modernes à leur portée pour faciliter leur expression. Par exemple, Lemesle & Roubaud disent qu'ils "trichent" dans leur pratique du dessin en ayant recours aux modèles mathématiques des ordinateurs pour créer des motifs. Ils font également appel à un carrossier pour appliquer la laque automobile sur leurs tableaux. Néanmoins ce sont bien eux qui ont imaginé le processus de réalisation de ces tableaux et qui ont mené la réflexion permettant la création de ces oeuvres.
Ils citent Picasso répondant à la question suivante : "combien de temps faut-il pour faire une peinture? Picasso répond : "une heure et 45 ans". Grâce à cette citation, Jean-Philippe Roubaud et Cynthia Lemesle veulent nous faire comprendre que leurs oeuvres se nourrissent de toutes leurs expériences passées et qu'avec le temps leur technique est de plus en plus maîtrisée.
Quelles sont les principales références de l'histoire de l'art que citent Cynthia et Jean-Philippe dans leur exposition?
Ces artistes ancrent leur démarche dans l'histoire de l'art. Cela signifie qu'ils prennent en compte l'ensemble de ce qui a déjà été fait avant eux.
1- Choix du sujet / Représentation
Pour ce qui concerne le choix du sujet de cette exposition, le tissu, ils sont repartis d'une idée très répandue dans l'histoire de la peinture. Nombreux sont ceux qui ont pensé, et pensent encore, que les meilleurs peintres sont ceux qui sont capables de peindre des drapés, exercice réputé des plus difficiles en peinture.
Cette croyance s'appuie sur l'histoire, en partie véridique, du combat opposant les deux peintres de l'Antiquité grecque Zeuxis et Parrhasius. Le premier peint des raisins avec tant de vérité, que des oiseaux viennent les picorer. Cependant Parrhasius fait un rideau si naturellement représenté, que Zeuxis, tout fier de la sentence des oiseaux, demande qu'on tire enfin ce rideau pour voir le tableau. Reconnaissant son illusion lorsqu'il comprend que le rideau est une peinture, il s'avoue vaincu, étant donné que lui n'avait trompé que des oiseaux, et que Parrhasius avait trompé l'homme qu'il était.
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II- Titre des oeuvres / Contenu
La seconde référence citée par ces artistes est celle de sainte Véronique. En effet, les tableaux exposés ici s'appellent tous "Pour Véronique I, Pour Véronique II, etc.". Elle est connue pour avoir essuyé le front du Christ avec un tissu blanc lors de la Passion. Le visage de ce dernier est resté imprimé sur ce même tissu. Cette anecdote est souvent citée comme étant la première représentation humaine donc le premier portrait en peinture.
Sainte Véronique est le plus souvent représentée debout, tenant et montrant le tissu avec le visage du Christ. Le fait de représenter une image de cette sainte tenant elle-même une image du christ s'appelle une "mise en abyme". Une mise en abyme est un procédé d'inclusion d'un motif, d'une scène à l'intérieur d'un motif ou d'une scène, comme le tableau dans le tableau, le récit dans le récit, le théâtre dans le théâtre, etc. Ce principe est souvent décrit de façon imagée comme un effet de miroir.
Pour les enfants, on peut expliquer cette idée par le biais de la vache qui rit qui est représentée avec des boucles d'oreille dans lesquelles on voit une vache qui rit avec des boucles d'oreille et ainsi de suite.
Dans les représentations de sainte Véronique, la forme du tissu qu'elle tient est souvent faite de plis. Lemesle et Roubaud ont choisi de ne garder que le tissu tenu par Véronique en accentuant leur travail sur les plis.
IIII- Autres matériaux de l'exposition
Lemesle et Roubaud utilisent un autre matériau provenant de la nature, les mues de chevreuil. Les artistes rappellent que, dès la préhistoire, ces bois servaient à tailler les silex. Ils insèrent aussi dans leurs oeuvres des animaux empaillés. Ces pratiques renvoient à des habitudes plus anciennes. En effet, les bois et les têtes des cerfs ont fait, et font encore, partie de la décoration des maisons telle une oeuvre d'art. Signalons aussi que les animaux empaillés ont fait partie intégrante de l'arsenal des cabinets de curiosité. Ces cabinets étaient des lieux où, aux XVI et XVIIème siècles, l'on collectionnait et présentait des objets rares ou étranges.
Les bois des chevreuils ont une signification différente dans d'autres cultures. Ils symbolisent les "doigts de la pensée". Ainsi, les cornes seraient la continuité de notre pensée. Pour faire une oeuvre, l'outil de départ de l'artiste est la main. En incorporant des bois de chevreuils dans l'exposition, Lemesle et Roubaud font un clin d'oeil au processus intellectuel qui mène à la réalisation.
Passionnant, n'est ce pas?
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