vendredi 17 avril 2009

Manifeste...

Je me sens offensé.

J’étudiais les Arts plastiques à Nice.....
À cette époque, à Nice, Sylvain Vigny, homme radical, effectif et affectif, au travail lyrique et abstrait, m’avait beaucoup impressionné : dans le sens littéral du mot.
Aujourd’hui, ma relecture du personnage, et surtout celle de son travail m’émeut encore. Ses peintures existent vraiment, elles existent par elles-mêmes. Elles conservent toujours ce ton de l’émotion que j’avais aimé "... à cette époque...."
Le jeu est maintenant de confronter les jeunes artistes que nous aimons et que nous défendons, à cette émotion.
Dans une période de crise où, dans l'art comme ailleurs, l'on mesure la démesure par un chaos insensé où plus personne ne sait ce que coûte un objet, une œuvre, ce mauvais fait acquis, imposé dans le milieu de l’art est incompréhensible.
Il est injustifié et illégitime que le monde de l'art fasse si peu cas du travail d’un artiste aussi remarquable.

C'est une mauvaise foi inacceptable.

Nous n’aimons pas cette intolérance intransigeante.
L'artiste n’aurait pas aimé s’incliner ainsi et il s'en serait senti, lui aussi, offensé.
L’art contemporain est une vie culturelle vaste avec beaucoup, beaucoup, d’espaces ouverts. L'enjeu est de ne pas renoncer à une once de la liberté offerte dans ce domaine.
Avec cette rencontre, notre « vertueuse » galerie et surtout nos artistes préférés veulent tenir une promesse de bonheur en disant tout haut :
“À cet instant, nous nous sentons libres d’exprimer, de penser, à tout ce que nous aimons sentir chez Vigny. Soucions nous de ce sillage...”
Espérons qu’il en sera de même pour vous. Le dialogue que nous mettons en scène est beau.

José Louis Albertini

Henriette A. Barety présente...

La galerie Sintitulo confronte des oeuvres choisies de Sylvain Vigny, personnages et visages, à la créativité de jeunes artistes contemporains.
Sylvain Vigny, français, né à Vienne en Autriche le 8 avril 1903 de parents professeurs de langues, s'est éteint à Nice où il résidait depuis 1940, le 4 février 1970.
Alors que ses oeuvres figurent dans de nombreuses et grandes collections, en France et à l'étranger, les représentants officiels de la culture persistent à négliger de s'intéresser à lui. Comme le disait déjà en 1965, Kostia Terechkowicch "ce sera une des grandes injustices de notre époque, que de l'avoir méconnu"...
Homme hors du commun, ayant gardé de son passé tumultueux, une allure de condottiere, prodigieux, dessinateur, peintre-né, autodidacte, pédagogue, humaniste, fascinant, personnage superbe, bohême, explosif à la vie faite de fatalité et de miracles, intransigeant et trop libre pour se soumettre à un marchand, Vigny échappe à toute classification.
Peintre admirable du "merveilleux quotidien", c'est aussi un artiste visionnaire des mondes de l'au delà. Tels les gens de Pompéi immobilisés par la lave, ses personnages hagards, effarés, semblent stoppés, figés et nous attendre sur une autre rive.
Comment des pièces de Sylvain Vigny peuvent-elles donc aujourd'hui, résonner dans les mains d'artistes actuels ?
C'est une gageure qu'a voulu tenir la galerie Sintitulo.
Les draperies de Lemesle et Roubaud, font songer aux grandes pièces de Vigny, évocatrices de la renaissance par leurs somptueux apparats. Les sculptures exposées nous interpellent, et nous invitent à la réflexion et la méditation. Les visages de Vigny nous regardent, et leur regard nous force à le regarder, nous hypnotise,. Inoubliable regard par-delà la tombe...
Vigny reste pour moi le Maître irremplaçable.
Aurait-il été convaincu par cette confrontation, lui qui ne s'est jamais soumis à aucune mode ?
Ce qui est certain, c'est qu'il a toujours encouragé, conseillé, guidé les jeunes artistes autour de lui : Bernard Damiano qui fut un très grand peintre expressionniste a été, à ses débuts, beaucoup aidé et soutenu dans sa vocation artistique par Vigny.
José Louis Albertini a rencontré Vigny et il aime sa peinture.
C'est pour moi l'essentiel.
Qu'il en soit remercié.

Henriette A. Barety,
Nice, Avril 2009